Alors même que le Gouvernement rencontre les pires difficultés à mener à bien ce voeux présidentiel, je me suis dit qu'il était temps pour moi de faire part de mon sentiment sur ce projet que je n'apprécie pas plus que cela...
Oui à la réorganisation ! Je suis favorable à l'idée de faire de France Télévision une entreprise unique et de procéder à sa réorganisation pour en faire un véritable média global intégrant bien sûr les chaîne de télévision, mais aussi le rattrapage vidéo, la VOD, un portail internet unique pour le groupe, etc. Tout cela ne se fera pas en un jour, ce sera une petite révolution pour les personnels du groupe France Télévision, mais c'est une chance pour le service audiovisuel public.
Selon la commission Copé, cette restructuration permettrait de dégager 140 millions d'euros. En bon centriste que je suis, je n'ai jamais craché sur des éléments de rationalisation de la dépense publique...
A hypocrite, hypocrite et demi ... Peut-être vais-je heurter les sensibilité des député Nouveau Centre de l'assemblée, mais dans le cadre de cette restructuration, l'évolution des règles de gouvernance de France télévision ne me conviennent pas, mais alors pas du tout. On mettrait fin à une hypocrisie en faisant nommer le président de France Télévision par l'exécutif de l'Etat. Aujourd'hui, ce sont les membres du CSA qui le nomment, membres eux même nommés par le Président de la République, le Président de l'assemblée Nationale et le Président du Sénat. C'est là que je ne suis pas d'accord. On ne parle pas de Sarkozy, Accoyer et Larcher ! On parle de gens occupant des fonctions. J'ai encore la bêtise de croire que parfois, les fonctions transcendent les hommes... Nous avions d'ailleurs la garantie que les membres du CSA ne soient pas inféodés à ceux qui les ont nommés, car
leur mandat n'est pas renouvelable.
Ma (maigre) consolation réside dans l'avis conforme que doit donner le CSA et le droit de véto laissé aux parlementaires (3/5 des membres des commissions concernés).
La suppression de la PUB Maintenant, la boule de nerf du problème : l'argent de la publicité.
Lors de la première annonce de cette mesure, j'étais au volant en train d'écouter la radio. La première chose que j'ai pensé : "Et comme ça, toutes les tunes de la pub vont partir chez Bouygues". Peut-être ai-je trop d'amis de gauche qui m'auraient savonné le cerveau, mais je l'ai pensé.
La suppression de la publicité, je suis plutôt pour, mais pas comme ça ! Je trouve tout à fait logique, et même sain, d'affecter les ressources publiques de la redevance à la télévision publique et les recettes privées de la publicité à la télévision privée. Mais cela suppose que l'Etat soit en mesure de garantir un financement (public) pérenne et légitime à France Télévision.
Cependant, le moment est plus que mal choisi. Les difficultées rencontrées par nos concitoyens, la question du pouvoir d'achat en berne auraient dû mener à la certitude que cette réforme n'était ni urgente, ni prioritaire... Visiblement, le Gouvernement ne l'entend pas de cette oreille...
La redevance : un financement naturel de l'audiovisuel public à renforcer. La raison devrait nous pousser à aller vers une hausse progressive de la redevance audiovisuelle et une sortie progressive de la publicité. Aujourd'hui, la redevance est de 116 euros. Je dois avouer que ça ne fait jamais plaisir de la payer, surtout quand on l'additionne à la Taxe d'habitation dont l'on s'acquitte en même temps. Mais la moyenne européenne est 45 euros supérieure (60 euros inférieur au Royaume-Uni, 100 euros inférieur à celle de l'Allemagne). Il n'est pas déraisonnable d'envisager cette progression.
De plus, et là je félicite le groupe Nouveau Centre, en faisant payer une un demi-tarif pour les propriétaires de résidence secondaires équipées d'un poste de télévision, ce sont 120 millions d'euros supplémentaires qui seraient récoltés. Je trouve cette mesure juste ; on trouvera toujours des exceptions, mais les propriétaires de résidences secondaire devraient pouvoir sans difficulté contribuer à cet effort.
20 millions d'euros supplémentaires pourraient abonder l'audiovisuel public en intégrant dans l'assiette de la redevance les personnes qui, non équipées d'un poste de télévision, sont en mesure de bénéficier de l'audiovisuel public par d'autres moyens, comme les ordinateurs.
Non, au deux taxes... y'en a pas une pour rattraper l'autre. Vous comprendrez également que je sois plus que sceptique sur l'instauration de deux nouvelles taxes pour compenser la suppression de la publicité, l'une sur le chiffre d'affaire des chaînes de télé, l'autre sur le chiffre d'affaire des opérateurs de la communication électronique.
L'audiovisuel n'en verra pas la couleur. Pourquoi cette opposition? Première raison, ces dépenses ne sont pas affectées. A chaque fois que l'on créé dans ce pays une taxe pour financer quelque chose, on ne sait pas trop comment mais tout fout le camp. Prenez un exemple : la Taxe d'aide au commerce et à l'artisanat (TACA) rapporte plus de 600 millions d'euros. En théorie, c'est pour financer le Fonds d'investissement et de soutien au commerce et l'artisanat (FISAC)... Qui n'en voit que 80 millions ! ! ! Et les 520 autres millions...? Le reste se sera perdu dans les méandres du pot budgétaire. Pourquoi en serait-il différemment pour ces nouvelles taxes?!
Un simple effet d'aubaine. Ces taxe n'ont pas de fondement très légitime... L'occasion fait le larron. Il y a de l'argent, il nous en faut. On va le prendre aux chaînes. Ce n'est que purement conjoncturel. Pas très brillant tout ça ! Mais plus grave maintenant... Les députés du Nouveau Centre ont aussi évoqué la possible inconstitutionnalité de ces taxes. L'assiette de la taxe ne prenant en compte que le chiffre d'affaire (ou presque) on ne respecterait pas l'idée de "capacité contributive" des sociétés faisant l'objet de cette taxation.
Et sur qui ça va retomber ? Ne soyons pas naïfs non plus. En taxant les opérateurs informatiques, deux conséquences sont à prévoir : 1- le ralentisssement des investissement prévus (qui sont souvent déjà lourds, puisqu'on le presse d'accélérer le développement de leurs réseaux) 2- ces taxes seraient, au moins en partie, répercutées sur les consommateurs. Il a bonne mine le pouvoir d'achat !
Et après tout ça, on voudrait nous faire croire qu'on veut relancer la croissance française et augmenter le pouvoir d'achat... Mouais...
Maintenant, simple observation à peine scinique : les compensation à apporter pour la suppression de la publicité sont très haute aujourd'hui... En procédant à cette réforme plus tard, la 'bulle" publicitaire, ayant éclaté à cause de la crise aurait eu pour conséquence de ramener la somme à compenser à un niveau plus raisonnable... Moi je dis ça je dis rien...